Transformation numérique : les PME françaises peuvent mieux faire
Des menus sur papier remplacés par des codes QR dans les restaurants, des téléphones fixes qui disparaissent au profit de Teams ou Zoom dans les entreprises, un recours croissant aux VPN avec le télétravail… Depuis deux ans, la crise du Covid-19 a poussé les professionnels à se doter d'urgence de nouveaux outils numériques. Mais les PME françaises n'utilisent pas encore le numérique pour transformer de l'intérieur leurs processus, ou leur modèle d'activité, en raison des coûts et du manque d'information.
C'est le constat en demi-teinte que font le Boston Consulting Group (BCG) et le Medef, dans une nouvelle étude parue mardi à la veille du salon VivaTech. Pour l'occasion, 173 chefs d'entreprise, dont la moitié de PME, ont été consultés. Et le constat est sans appel.
« La moitié des entreprises sondées ne sont pas embarquées dans la transformation numérique, explique Alexandre Aractingi, associé au BCG. C'est-à-dire qu'elles ne tirent pas parti des données, pour mieux connaître leurs clients, ou pousser tel ou tel produit. Pourtant, les professionnels qui ont fait leur transformation numérique sont plus rentables et plus robustes que les autres. »
Les grands groupes l'ont bien compris. 49 % d'entre eux vont davantage numériser leurs opérations et 53 % prévoient même d'augmenter leur budget dédié d'au moins 10 %. En revanche, 51 % des entreprises (surtout des PME et TPE) n'ont démarré aucun projet de valorisation de données et n'y réfléchissent pas. Le taux grimpe même à 57 % dans l'industrie et les secteurs « traditionnels », comme l'agriculture, la construction, les transports, l'hôtellerie ou le tourisme.
Les freins sont nombreux, à commencer par le prix de ces transformations numériques. Les plus gros projets peuvent coûter « une année entière de budget informatique », rappelle Alexandre Aractingi. « Le premier sujet, c'est la capacité d'investissement des entreprises, estime Christian Poyau, du Medef. Les patrons des PME se battent pour leurs clients la semaine et font leur compta le week-end. Il faut revenir à des niveaux de rentabilité comparables à ceux de l'Allemagne, notamment en abaissant la fiscalité qui pèse sur les entreprises. »
Pourtant, des aides existent. Depuis 2012, les PME peuvent obtenir un crédit d'impôt innovation (CII) allant de 20 % à 40 % (selon les régions) pour les dépenses d'innovation ne dépassant pas 400.000 euros. Des formations gratuites pour les PME et 715 millions d'euros de garanties de prêts (pour réduire l'exposition au risque des banques commerciales finançant de tels projets) ont également été lancées dans le cadre de l'initiative « France Num ».
Mais, faute d'information, de temps ou parce qu'elles ne sont pas éligibles, « seuls 20 % des PME ont bénéficié des aides numériques du plan de relance, rappelle Alexandre Aractingi. Pourtant, 42 % d'entre elles disent avoir un besoin de financement. C'est dommage ». Pour redresser la barre, le BCG plaide pour un rapprochement entre les « scale-up » (start-up à croissance rapide) et les entreprises traditionnelles et la formation de profils plus spécialisés. Selon le syndicat Numeum, 10.000 diplômés manquent chaque année faute d'être formés au numérique.
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